Constellations… un jeu de dé!
30 mai 2025

CONSTELLATIONS…

 

CADRE DE LA RECHERCHE

Dans le cadre de la partie artistique de mon Doctorat en Art et Sciences de l’Art, qui tend à développer un appareil conceptuel pour penser la création artistique en tant que processus, je travaille sur un protocole de création guidé par un jeu de dés.

La notion de processus artistique est développée dans la partie théorique comme étant un assemblage dynamique et hétérogène, activé par un jeu complexe de forces directionnelles, lesquelles conduisent l’assemblage en question vers des zones de convergences tangibles (formes artistiques ou œuvres, dans le cadre du champ artistique). Ces formes ne sont pas définies comme des fins ou des aboutissements en soi, mais bien comme des moments spécifiques du processus créatif, au croisement avec l’expérience de réception de cette même forme.

Il s’agissait donc – étant entendu qu’il n’existe aucune création qui soit par nature « plus processuelle » qu’une autre – de développer un protocole de travail qui puisse mettre à l’épreuve ces notions d’hétérogénéité, de forces dynamiques en action et de moments spécifiques.

PROTOCOLE DE TRAVAIL

Le protocole de travail mis en place repose sur l’intervention du hasard par l’intermédiaire d’un jeu de dés, dans le but principal de maintenir le processus en action et de continuellement déjouer une tendance sociétalement inculquée à aboutir et clôturer. En quelque sorte, il s’agit de forcer le maintien de cette recherche dans une dynamique purement processuelle, jusque’à ce que…

Il sera alors question d’observer si et comment naitront des lignes de forces, des dynamiques convergentes, des formes… et/ou de construire une œuvre-expérience.

POINT DE DÉPART THÉMATIQUE

L’innocence serait d’affirmer qu’on ne choisit pas ses ancêtres,
alors qu’il ne s’agit pas de choisir ou de ne pas choisir,
il d’agit d’hériter, c’est-à-dire de construire l’héritage
de telle sorte qu’il nous rende capables de répondre à, et de, ce dont on hérite.
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Vinciane DESPRET, « En finir avec l’innocence »
in DORLIN Elsa, RODRIGUEZ Eva (dir.),
Penser avec Donna Haraway, Paris, PUF, 2012, p.38

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Le vaste sujet au départ duquel cette expérience de recherche a été lancée est la notion de mémoire familiale, d’héritage au sens large. Cette direction répond à quelques raisons arbitraires et personnelles, mais plus particulièrement à la raison d’une analogie avec la structure du processus de création artistique tel qu’il est défini dans la partie théorique. Ce que nous nommons « famille » apparait en effet comme un ensemble hétérogène à la fois tangible et intangible, construit d’individus différents mais également de mémoires, d’injonctions sociales et sociétales, de contraintes et de codes culturels etc. La « famille » est faite d’espaces en tension, principalement relationnels, qui en rejouent continuellement les contours et s’inscrit dans une dynamique qui pousse vers un idéal pleinement satisfaisant d’harmonie et d’équilibre. En d’autres termes, « la famille » aspire, sur le plan relationnel, à « l’expérience esthétique » au sens ou l’entend John Dewey.

LE JEU DE DÉ

Une série d’actions numérotées de 1 à 12, ont été définies préalablement et associées aux différents chiffres d’un dé à 12 faces. Il s’agit d’actions très simples et habituelles dans mon processus de création, reliées d’une façon plus ou moins spécifique à la notion de famille.

Au départ de cette vaste notion et des questionnements parfois intimes parfois théoriques qu’elle soulève, un premier dé est lancé. Le résultat de ce dé dicte une action, laquelle génère nécessairement une première arborescence de gestes et/ou de pensées. Chaque embranchement de cette arborescence est soumis à un nouveau lancement de dé – dont le résultat doit spécifiquement être appliqué sur la pensée, l’action ou la forme correspondant à l’embranchement en question – de sorte que la constellation s’étende et s’ouvre continuellement…